George Harrison
Un garçon dans le vent

 


Posté le  22.09.2015 à 14h59


 

DOCUMENTAIRE - En 2011, Martin Scorsese consacrait à George Harrison un documentaire fouillé, resté inédit dans les salles françaises. Le long métrage révèle l'homme derrière l'idole pop-rock du groupe majeur que fut les Beatles. Retour sur les coulisses de ce film qui, à l'occasion de sa projection événement au festival Lumière, sera présenté par Olivia Harrison, l'épouse du guitariste décédé en 2001 à l'âge de 58 ans.

 

 

Il a passé une partie de sa carrière dans l'ombre du très prolifique et médiatique duo Lennon/McCartney, signant toutefois quelques-uns des plus célèbres hymnes des Beatles, de While My Guitar Gently Weeps à Here Comes The Sun. Réputé pour sa personnalité aussi discrète que mystérieuse au sein des Fab Four, George Harrison n'en était pas le moins talentueux. Il fallut pourtant attendre le dernier album du quartet de Liverpool, Let It Be (1970), pour voir une composition de ce fils de prolétaire faire l'objet d'une face A d'un 45 tours du groupe.

The Quiet One, ainsi qu'on le surnommait, contribua musicalement, contrairement à l'idée que le grand public se fait de lui, à l'immense succès des Beatles. Par la précision de ses arrangements autant que par ses riffs ou ses accords mélancoliques. Il brilla également, à l'image de Ringo Starr, par sa capacité à se fondre dans la mécanique orchestrée par ses deux célèbres accolytes, John Lennon et Paul McCartney. S'il assura ensuite avoir toujours trouvé son compte dans le sillage des deux principales figures des Beatles, c'est toutefois après leur séparation que le guitariste élevé dans la foi catholique trouva son salut artistique et personnel.

 

 

C'est la face cachée de la personnalité complexe d'Harrison, plus jeune membre des Beatles, que Martin Scorsese s'est attaché de retracer. Le musicien se dévoile face caméra, dans des entretiens menés durant les années précédant sa mort, abordant l'ascension et la séparation des Beatles, mais aussi ses questionnements plus intimes, ses obsessions et ses combats. Ceux d'un homme qui n'hésita par exemple pas à s'attaquer à la classe politique dans Taxman, l'une de ses plus célèbres compositions de l'époque des Fab four.

Convaincu par Olivia Harrison, la dernière compagne du musicien - depuis 1974 -, ainsi que par une lettre d'Harrison rédigée à ses parents en pleine BeatlemaniaMartin Scorsese a remonté son parcours, cinq années durant, s'immergeant dans le psyché du mystérieux George au gré d'entretiens menés avec ses proches et ses anciens collaborateurs. Scorsese s'est notamment appuyé sur l'aide précieuse d'Olivia, qui accompagna l'artiste jusqu'à sa mort à Los Angeles, mais aussi de son fils, Dhani. Lesquels ont témoigné et fourni du matériel très personnel (Photographies, archives, lettres, brouillons, dessins...) mais nécessaire à l'auteur de Taxi Driver pour mener le projet à son terme.

 

 

Durant les trois heures et demi de ce documentaire, nourri d'innombrables archives et photographies inédites, Scorsese évoque la relation d'Harrison à l'argent ou à la drogue, ses années de froid avec les anciens Beatles, son amitié avec Éric Clapton - qui témoigne longuement, tout comme Paul Mc Cartney et Ringo Starr - et sa quête passionnée vers une autre forme de spiritualité, quasi mystique, vers un « monde immatériel ».

Une séquence du long métrage raconte également comment Harrison réchappa à la mort après qu'un homme, faisant irruption chez lui, l'eût poignardé à plusieurs reprises. Coproduit par Olivia Harrison, le film fut diffusé aux États-Unis à la télévision, par la chaîne HBO. Mais il ne fut jamais proposé à l'affiche en France. Musicien accompli et à l'univers très personnel, George Harrison n'entretenait pas avec le cinéma un rapport de grande proximité. « Il aimait les vieux films. Son film préféré était Docteur Jekyll et Mister Hyde, avec Spencer Tracy », témoignera Olivia Harrison dans une interview au Monde. De Martin Scorsese, il adorait La Dernière valse.

B.P.

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Living in The Material World, documentaire de Martin Scorsese sur George Harrison (3h28, 2011)

> Jeudi 15 octobre à 19h30 et samedi 17 octobre à 10h30 au Pathé Bellecour

 

Catégories : Lecture Zen