Un « ange-démoniaque »
nommé Gérard Depardieu

 


Posté le  28.09.2015 à 11h28


 

 

DOCUMENTAIRE - Photographe et confident de Gérard Depardieu, Prix Lumière 2011, Richard Melloul s’est entretenu avec l’acteur et ses compagnons de route (Jacques Weber, Pierre Richard, Olivier de Kersauson…) pour réaliser Depardieu Grandeur Nature, un portrait à sa « démesure » qui sera projeté au festival Lumière. Il se confie sur les secrets du tournage.

 

 

Qu’est-ce qui vous a mené vers la réalisation de ce documentaire ?

J’avais envie de réunir dans un livre le couple mythique Dewaere/Depardieu pour le 40e anniversaire des Valseuses, de Bertrand Blier (1974). J’ai proposé la démarche à Gérard Depardieu, qui m’a soumis l’idée d’en faire un film. Au bout de 2h30 d’entretien avec lui, je me suis rendu compte que j’avais assez de matière pour aller au-delà des Valseuses et réaliser quelque chose sur lui. J’ai donc prolongé mon enquête d’un an pour obtenir ce documentaire.

A-t-il été difficile de faire en sorte qu’il se confie ?

Les choses se sont passées de façon très naturelle. Nous avons planté le décor et Gérard s’est exprimé. Il s’est même dévoilé, fragilisé, et c’est cette facette de l’homme qui m’a intéressée. Nous avons débuté les entretiens fin 2013 et les avons étalés sur près d’un an et demi. Finalement, l’épisode des Valseuses n’occupe qu’une séquence du film.

Appréhendiez-vous de passer de l’image fixe à l’image animée ?

Non car le fond comptait selon moi davantage que la forme. Je savais ce que je voulais faire et surtout ce que je ne voulais pas montrer. Je voulais aller au fond du personnage et dévoiler les côtés de Gérard qui sont très rarement abordés. Ceux qui ne sont pas spectaculaires. Pour quelqu’un qui tourne cinq films par an, il est d’une grande pudeur et d’une grande discrétion. C’est cette image de lui que j’ai eu envie de creuser.

 

 

De quelle manière s’est-il livré à vous ?

Gérard a abordé son enfance, ses premiers cours de théâtre, sa relation avec ses parents, son arrivée à Paris ou comment il a traversé Mai 68. Il est allé jusqu’à ce qu’il appelle ses « chers disparus » : les Truffaut, Pialat, Blier, ou encore Duras, qui l’ont entouré et nourri intellectuellement. Je voulais faire profiter le grand public de cette relation de confiance que j’entretiens avec lui.

Vous l’avez accompagné sur de nombreux tournages. Qu’est-ce qui vous étonne encore dans sa pratique du métier après toutes ces années ?

Sa capacité à être toujours dans l’excès, y compris lorsqu’il joue. C’est ce qui le place au-dessus des autres. La démesure est son seul cadre et d’ailleurs, il n’entre dans aucun d’eux. Dans le film, Jacques Weber dit de lui que c’est un ange-démoniaque. Je trouve que l’appellation lui va bien, surtout à l’époque des Valseuses. Il est peut-être vu comme un voyou ou un rebelle, mais souvenez-vous de ses premiers films : il y est presque angélique tellement son jeu est fin, malgré des gestes d’une rare violence.

Propos recueillis par B.P.

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Depardieu grandeur nature, de Richard Melloul (2015, 59 min)

> Lundi 12 octobre à 15h à l'Institut Lumière

Catégories : Lecture Zen