David Golder

En 1931, Irène Némirovsky est adulée du Tout-Paris. À 26 ans, cette jeune Juive d’origine russe a publié quelques écrits, et son roman de mœurs David Golder est un best-seller. Duvivier et ses producteurs décident de l’adapter sur grand écran. L’œuvre est très noire, le film le sera encore d’avantage. Dans le milieu des financiers, David Golder est un homme redouté pour sa dureté, parfois même sa cruauté. Ses sentiments, il les réserve pour sa fille Joyce, frivole et cupide. Il n’est pas dupe, mais s’en accommode. Tout son entourage n’en veut qu’à son argent. Le coup de grâce lui est donné lorsque son odieuse femme lui apprend que Joyce n’est pas sa fille… Duvivier dépeint un milieu sombre et sordide dans lequel aucun personnage ne trouve grâce à ses yeux, sa vision désespérée des rapports humains se durcissant encore davantage.

David Golder marque le début d’une longue collaboration et d’une forte amitié avec le grand Harry Baur. Ce film est aussi le premier film parlant de Duvivier. Cette technique est utilisée avec parcimonie, le film semblant parfois muet. Le cinéaste déclare ainsi : « Je défie qu’on y trouve trois phrases qui ne  soient pas indispensables ! » Dialogues à l’écran, en contre-champ, illustrations sonores… La maîtrise est là. « Dès les premières secondes du film, Duvivier montre que, tout en conservant la virtuosité issue de la fin du muet, il va employer le son pour enrichir son langage et non pour seulement "donner à entendre” ». (Éric Bonnefille,  Julien Duvivier, le mal aimant du cinéma français, L’Harmattan)