Billetterie

L'Enfer de la corruption

Force of Evil

de Abraham Polonsky , États-Unis , 1948

New York. Ben Tucker (Roy Roberts), gangster notoire, a organisé une entreprise de racket sur les paris mutuels. Il veut désormais installer un monopole, intégrant ou éliminant sans vergogne les petites échoppes. Joe Morse (John Garfield), son avocat, l’aide dans son entreprise, tout en essayant de préserver son frère (Thomas Gomez), gérant d’une banque clandestine.

« Voilà, là encore, un homme qui a beaucoup compté à certaines heures de la cinéphilie mondiale et qui est aujourd’hui un quasi-inconnu, même des jeunes passionnés de cinéma. » C’est par ces mots que Bertrand Tavernier entame le chapitre consacré à Abraham Polonsky dans son ouvrage-somme Amis américains (Actes Sud/Institut Lumière). D'abord scénariste, Polonsky était une des plus brillantes personnalités de la gauche américaine ; marxiste, il fut donc blacklisté par la Commission des activités anti-américaines. L’Enfer de la corruption est le premier film qu'il put réaliser, et il devra attendre vingt ans avant de tourner le second, Willie Boy. Un talent brisé par la chasse aux sorcières.

 

Enfer-corruption

Le magazine Film Culture écrivait en 1963 : « Avec Chaplin et Losey, Polonsky reste la grande victime de l’hystérie maccarthyste. Après plusieurs visions, Force of Evil se confirme comme l’un des rares films du cinéma américain moderne. » Film noir politique, modèle du film maudit (il ne sortira sur les écrans français qu’en 1967 grâce à Pierre Rissient et Bertrand Tavernier), L’Enfer de la corruption est la transposition du mythe d’Abel et Caïn dans le monde des paris clandestins. Une violente et rigoureuse critique de la société américaine et du pouvoir de l’argent, où capitalisme et grand banditisme ne sont pas si éloignés (y-a-il trente-six manières de saper la concurrence ?). Joe Morse incarne la contagion du mal : un homme cynique et arriviste, corrompu par son milieu, mais dont la conscience se réveillera, un peu tardivement. Son interprète, John Garfield était un homme dont on louait le courage et l’intelligence, ainsi que la force créative. Un homme lui aussi blacklisté, disparu à 39 ans d’un arrêt cardiaque.

L'Enfer de la corruption (Force of Evil)
États-Unis, 1948, 1h18, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Abraham Polonsky
Assistant réalisation : Robert Aldrich
Scénario : Abraham Polonsky, Ira Wolfert, d’après le roman Tucker's People d’Ira Wolfert
Photo : George Barnes
Musique : David Raksin
Montage : Art Seid
Décors : Edward G. Boyle
Costumes : Louise Wilson
Production : Bob Roberts, John Garfield, Enterprise Productions, Roberts Pictures
Interprètes : John Garfield (Joe Morse), Thomas Gomez (Leo Morse), Marie Windsor (Edna Tucker), Howland Chamberlin (Freddie Bauer), Roy Roberts (Ben Tucker), Paul Fix (Ficco), Stanley Prager (Wally), Barry Kelley (Egan), Paul McVey (Hobe Wheelock), Beatrice Pearson (Doris Lowry)


Sortie aux États-Unis : 25 décembre 1948
Sortie en France : 1er mars 1967

 

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