Posté le 14.10.2015 à 17h10
MORCEAUX CHOISIS - Le cinéaste danois Nicolas Winding Refn a donné ce mercredi après-midi une Master class - suivie d'une signature de son livre, L'Art du Regard -, à la Comédie Odéon devant une salle comble et passionnée. Fidèle à son personnage, parfois provocateur, le réalisateur a développé ses anecdotes et distillé ses petites phrases un petit sourire en coin. Retour sur l'événement en quelques phrases.
« Je suis dyslexique. J'ai eu peu d'opportunités à l'école à cause de ça. Ce n'est pas moi qui ai trouvé le cinéma. Il m'a trouvé. À 14 ans, j'ai vu Massacre à la tronçonneuse. Après ça, j'ai vu dans le cinéma une forme d'expression qui pouvait me convenir. Pour me rebeller, j'allais voir des films violents. J'allais à l'encontre de tout ce qui était de bon goût ou politiquement correct. J'ai appris à 24 ans que j'étais daltonien. Je ne vois donc que les contrastes. C'est pour cette raison que la couleur, dans mes films, est très contrastée »
« Tout ce qui est de bon goût suffoque la créativité. La créativité est un flux d'émotions que j'utilise pour exorciser mes démons. Par exemple, le sexe, au cinéma, je trouve cela assez "chiant". Je préfère quand il est laissé à l'imagination. Son opposé, c'est la violence et pour moi, le cinéma est un art violent car il pénètre l'esprit du spectateur et lui insuffle toujours quelque chose, parfois contre son gré. »
« Je préfère avoir un dollar et faire le film que je souhaite faire, plutôt que d'en avoir cinq et faire des compromis. Cela dit, nous sommes tous esclaves de l'argent. Il faut se donner les moyens d'acheter sa liberté et sa créativité, notamment dans le cinéma. Voler aux autres ou en d'autres termes, s'inspirer des autres, fait partie du processus de créativité. Ceux qui prétendent le contraire mentent. Le but, c'est de voler aux meilleurs ! »
« Martin Scorsese est un des cinéastes parmi les plus influents. C'est une force de créativité. Mean Streets m'a enseigné l'utilisation de la musique au cinéma. La musique est l'outil le plus important de ma créativité. Pour Drive, c'était la première fois que je travaillais avec un compositeur. »
« Ce qui se passe dans le monde m'affecte. Mais je ne suis pas un réalisateur politique ! »
Propos recueillis par B.P.