Posté le 15.10.2015 à 19h20
« Quand vous bougez bien, c’est très, très, difficile de parler faux ! », Vincent Lindon.
L'acteur, auréolé du Prix d'interprétation lors du dernier Festival de Cannes pour son rôle dans La Loi du Marché, de Stéphane Brizé, est venu présenter Voici le temps des assassins de Julien Duvivier.
© Institut Lumière / Photo Loïc Benoit
Voici le temps d’une présentation, la première de Lumière 2015. Une voix chaude roule avec passion et remonte au dernier fauteuil, la salle est pleine, à l’unisson. « Deux minutes, pas plus », a-t-il promis, ce sera vingt cinq, applaudissements compris ! Voici le temps de Vincent Lindon, admirable acteur venu dire son admiration. Pour le public de vrais cinéphiles lyonnais, « Merci d’être venus sans I-phone !», pour son métier, « J’adore voir le travail des autres (…) Il ne faut pas avoir peur de voir des choses formidables. C’est pas parce que je vais voir douze films avec Jean Gabin que, immédiatement le lendemain, en arrivant sur le plateau, je vais bougonner « j’vais d’tire un truc ! Mais je vais voir comment quelqu’un se déplace, sa façon de prendre du temps, comment il gère les silences et ça ressortira, ou pas, deux ans après, dix ans après »
© Institut Lumière / Photo Loïc Benoit
Il dit aussi son admiration pour le cinéma de Duvivier : « Y’a un truc qui m’a toujours rendu fou dans ce métier c’est : ceux qui sont anormalement considérés et ceux qui sont anormalement PAS considéré. Hors le drame pour un artiste c’est de ne pas être considéré au bon moment, quand il en a besoin ! » Ainsi raille t-il la tentative de parricide de la nouvelle vague qui n’aura de cesse de s’excuser une fois dans la place, mais toujours du bout des lèvres. « Seul, à l’époque, Renoir a su reconnaître le talent de Duvivier. Renoir et Gabin puisqu’il tournait avec lui ! » Il compare ce qui est pour lui la modernité de Voici le temps des assassins, son audace, avec A place in the sun, (1951), de Georges Stevens, dont l’égale cruauté ne trouverait plus sa place, aujourd’hui, dans le système des studios. Enfin, Vincent Lindon livre une ficelle du métier sous la forme d’ un aphorisme définitif. Evoquant la façon dont, dans le film, Gabin bouge les casseroles, comment il sort un poulet de la chambre froide, il explique que l’acteur est toujours juste parce que : « quand vous bougez bien et que les gestes sont bons, c’est très, très, difficile de parler faux ! » Et puis le noir se fait dans la salle, Voici le temps des assassins.
Pierre Collier
© Institut Lumière / Photo Loïc Benoit