Le destin tragique de la «Gaby» de Gabin

 


Posté le  07.10.2015 à 10h34


 


MIREILLE BALIN - Paris 1936, quelques semaines avant le tournage de Pépé le Moko, sur le conseil de Duvivier, Gabin invite Mireille Balin à déjeuner pour faire plus ample connaissance. Dans le film elle doit être Gaby, un archétype de parisienne chic, trompant son ennui de femme mal mariée dans les bouges enfumés de la casbah d’Alger.

 


Elle accepte de le retrouver dans un restaurant du quartier de La villette où il a ses habitudes. A l’ardoise, viandes rouges et plats canailles. C’est elle qui est la première, elle croque dans un radis au sel et consulte longuement le menu pour se donner une contenance. Bien que d’une beauté éblouissante, son visage possède l’ovale parfait de La muse endormie de Brancusi, cet ancien mannequin cabine de Jean Patou est d’une timidité maladive. Quel besoin avait-elle de s’habiller comme pour aller à l’opéra ! Avec sa robe haute-couture et ses bijoux lançant mille éclats, on dirait la tour Eiffel de Monsieur Citroën. Oui, elle se sent franchement déplacée dans ce restaurant où Gabin, après avoir grommelé un vague « Bonjour », s’est fondu dans le décor, il y a cinq minutes à peine, avec une aisance confondante et une distinction sans artifices. En 36, il est une star déjà confirmée quand elle n’a encore rien tourné de significatif. « Alors, vous l’apprenez par cœur ce menu ? ». Il a dit ça sur un ton badin et la fixe maintenant de son œil qui frise. S’il savait comme, elle aussi, est au fond une fille nature avec des goûts simples et combien elle meurt d’envie de commander le petit salé aux haricots ! « Pas de manière, fait-il sur un ton enjoué. Avouez donc que vous aimez bien les haricots. Ça tombe bien moi aussi ! » Quelques verres de Saint-Joseph plus loin, leurs pudeurs s’embrasent. Ils ont reprit des haricots mais ce n’est qu’un début.

« Le Métro ! – En première !

Ce déjeuner en tête à tête en entraîne un autre. A quelques temps de là, Gabin, ravi de sa Gaby, met la Balin dans son lit… Leur collaboration est ainsi engagée sous les meilleurs auspices. D’ailleurs, le film qui inscrit son romantisme noir dans un genre colonial alors en vogue, ( cf : La Bandéra, Gueule d’amour ), fera un malheur. Il faut voir (ou revoir) Pépé le Moko. Ça reste quelque chose ! Dans un premier temps, même si reconstituée intégralement aux studios de Joinville, c’est la casbah qui fascine avec sa population bigarrée de Nègres, de Maltais, de Chinois et de Slaves et son dédale de ruelles qui, de marches en marches, descendent jusqu’à la mer.


Comme un labyrinthe codé, à la fois impénétrable et verrouillé sur lequel règne « un prince de la razzia », Pépé Le Moko, gouape à la mise soignée, Minotaure venu des « fortifs », qui finira par franchir la frontière du quartier réservé, pour s’en aller cueillir la mort, debout, face au port. Entre temps il aura croisé la trajectoire d’une créature fébrile comme un faon et fatale comme le poison, Gaby. Une « poule de luxe », opaque et scintillante, qui berce sa nostalgie de Paname en lui récitant le nom des stations de métro. Il l’embrasse dans le cou : « Ah c’ que tu sens bon ! –Le Métro ! – En première ! ». La réminiscence du vieux paname prend des allures tragiques dans une des scènes où l’émotion culmine. C’est Fréhel, l’immense Fréhel, qui, dans un dispositif étonnamment moderne, assure son propre play-back, larmes aux yeux et joues flageolantes au son de : « Où est-il donc ? » (mon bistrot de la place Blanche). Comme en échos à la scène que Duvivier tourna trois ans plus tôt, dans le sublime La tête d’un homme, avec alors  Damia, suspendant la course folle de Radek, ( Valérie Inkijnoff ), au son d’une Complainte à la mélancolie ravageuse. Cette fois c’en est trop, le Montcorgé d’Alger, lassé de méditer, dévale un escalier qui va s’arrêter net en méditerranée.  Ici, comme pour La Belle Equipe, Duvivier fait de Gabin un perdant magnifique pris aux fils de l’arachnéenne fatale beauté. Ce type de personnage féminin ensorceleur et maléfique, capable de dévisser la tête des épaules de n’importe quel bon gars est une récurrence du réalisme poétique hérité de l’expressionisme allemand et, disons le, un lieu commun. Dans ce registre, le Gabin d’avant-guerre va beaucoup donner de sa personne mais puisque le public en redemande !

L’immense succès de Pepe le Moko impose un couple de cinéma sitôt inoubliable et fait de Mireille Balin, désormais, une grande vedette. Hélas, le manque tenace de confiance en elle doublé du sentiment permanent d’imposture continue de l’habiter. Cette image d’elle que les passants lui renvoient, hautaine, distante, sans cesse en lisière d’une ironique morgue, lui est pourtant étrangère. Elle pressent un revers des choses, se disant qu’elle usurpe sa place dans ce monde tant convoité des studios cinématographiques. Ainsi que le pointe Daniel Arsand, son biographe : « Tout lui faisait effet de faux semblants : sa beauté, son intelligence, son talent, son luxe. On refusait de la voir telle qu’elle était, si peu « fatale », si proche des bêtes et du silence, de la campagne et de la mer. Jean Gabin était l’unique être, à cette période de la vie de Mireille Balin, à saisir l’essentiel de son caractère.»

Gueule d’amour.

En février 1937, convalescente suite à une mauvaise chute de cheval elle décide de changer de décors et téléphone à Gabin pour qu’il l’accompagne à Venise. La star décline tendrement l’invitation, lui vante avec fougue le génie de Jean Renoir pour lequel il vient d’achever le tournage des Bas-Fonds et s’apprête à enchainer celui de La grande Illusion, et lui souhaite un bon séjour. C’est donc seule qu’elle arrive, au terme d’un long voyage en Hispano, dans une Venise glacée de pluie. Distante, elle n’a pas échangé un mot avec son chauffeur de tout le trajet. Ayant remisé la luxueuse limousine dans un garage à l’entrée de la ville, ils se rendent, chacun dans une gondole, jusqu’au Grand Hôtel du Lido où elle a réservé deux chambres. Glissant sur le pont humide, son chauffeur soudain tombe dans l’eau noire des canaux. Mireille à bout d’oppression, ne peut retenir un rire en cascade, cruel et libérateur. Pour l’homme qui parvient à se hisser ruisselant dans la frêle embarcation, s’en est fait de l’image d’une beauté fragile et incomprise ; cette femme, à l’instar de ce qui se voit sur l’écran et se lit dans les journaux, n’est rien d’autre qu’une « garce » ! Un sentiment qui va croître et se généraliser particulièrement autour de la sortie de Gueule d’amour.


Fuyant la Sérénissime, Mireille Balin enchaine des séjours au Negresco de Nice, à l’Hôtel de Paris de Monte-Carlo, ou encore chez une amie à Cannes. Elle dépense sans compter, « la paresse et l’insouciance lui font croire à la liberté », elle parvient presque à oublier Pépé. Pourtant les dettes s’accumulent et il lui faut se rendre à la raison. De Paris, elle reçoit un scénario de Charles Spaak d’après un roman d’André Beucler. Jean Gabin qui doit y tenir le premier rôle a émit le souhait de retrouver sa partenaire d’Alger.

Dans ce film, tourné pour les intérieurs dans les studios de Neubabelsberg près de Berlin, Jean Grémillon, en charge de la réalisation, reconduit donc le couple sulfureux du film de Duvivier.

Je glissai dans le noir total

Est-ce là ce qu’elle a fuit toutes ces dernières semaines au long de la riviéra ? Toute cette terreur qui monte, tenue bien à distance de l’Hispano Suiza. Berlin lui semble une ville au garde à vous. Des drapeaux à croix gammée ornent les bâtiments officiels, cette même étrange croix que bien des hommes en uniforme arborent sur des brassards. L’atmosphère martiale se réchauffe un peu le soir à la cantine de la Pension Impériale, un manoir désuet, retiré du temps, où la petit colonie française se retrouve pour le dîner. François Périer partage, ce soir là, la table de Mireille et Gabin. Il éructe :

« J’en ai par-dessus la tête de ce pays. Tu ne peux rien faire. La liberté, ils ne connaissent pas : Verboten les portes, les chemins, les pelouses… les filles ! Tout marche à coups de sifflet : les voitures, les piétons, les entrées, les sorties ! Pour un peu, nous aussi ! Ils ne commandent pas à des hommes mais à des automates, bientôt il faudra pisser au coup de sifflet ! Marre, j’en ai marre des Fritz. Vivement le retour à la maison, qu’on ne les voit plus ! » Comme Gabin surenchérit, dit son refus de pactiser avec un tel peuple, Mireille tente de la rassurer en posant sa main sur la sienne et lui assure qu’une fois revenus à Paris, ils seront à l’abri de ces périls. Sans cesse elle tente de contrer, son pessimisme, sa misanthropie croissante. Il la foudroie du regard mais reste profondément touché par son innocence, cette part d’enfance préservée. Mireille qui fustige secrètement son propre égocentrisme, ses petites lâchetés, garde espoir en l’avenir de la France. Espoir aussitôt douché par un exemplaire de Pour vous que Gabin lui glisse sous les yeux. Un certain Serge Veber, neveu de Tristan Bernard, y écrit: « Entrez ! Entrez ! Envahissez-nous, il y a de la place pour tout le monde. Je sais très bien qu’il est humain d’accueillir ces pauvres diables d’émigrés et qu’on ne peut leur en vouloir de chercher à se caser. Mais, bon sang, casons d’abord les Français. Nous avons nos pauvres, ne l’oublions pas ! »

Heureusement, il y a le plateau qui n’est pourtant pas qu’une partie de plaisir ! C’est Mireille qui parle : « Pendant le tournage de « Gueule d’amour », j’ai failli mourir étranglée. Et par Gabin lui-même. Il ne l’avait pas fait exprès, bien sûr, mais quand son jeu l’emporte, il ne contrôle plus sa force herculéenne. Les deux mains de Jean se nouèrent à mon cou… et je glissai dans le noir total. » Sur le plateau le silence s’est fait net, pesant. Mireille git inerte. « C’est pas vrai, dites moi que je ne l’ai pas tué ! » souffle Gabin tétanisé. Au bout de dix longues minutes, le cygne déplie son col et reprend ses esprits. Suivent trois jours de repos pour la belle durant lesquels Gabin, à l’unisson de toute l’équipe, est aux petits soins. On s’en va canoter sur les lacs, on fait défiler les avenues pavoisées derrière les vitres du taxi et on s’empiffre de pâtisseries. Le tournage terminé, Jean Grémillon promet un autre rôle à Mireille. Elle l’en remercie vivement et gagne avec Gabin la Berlin Alexanderplatz Bannof. Direction Paris ! A quelques temps de là Gueule d’amour connaît un énorme succès commercial. Une fois de plus elle y est une vénéneuse cupide et affolante qui laisse le héros exsangue, pantin pantelant tirant sur la ficelle de ses souvenirs brûlants. Pour Mireille Balin, c’est à la fois le sommet de sa carrière et l’amorce d’un inexorable déclin. D’abord, bien que repassant à dix sept reprise devant les caméras, elle ne tournera plus rien qui soit digne de rester à la postérité ; exception faite, toutefois, de Macao, l’enfer du jeu, de Jean Delannoy, ( d’après Maurice Dekobra, excusez du peu ! ), dont l’exotisme de carton-pâte n’est pas sans évoquer l’univers de Pépé le Moko, mais auquel les prestations conjointes de Sessue Hayakawa et surtout Erich Von Stroheim, qui deviendra durablement l’ami de Mireille, confèrent un charme entêtant.

Si le souvenir de Pépé le Moko est loin en ce matin d’ octobre 1937, Duvivier est, lui, bien présent à ses côtés sur le pont de L’Ile de France en partance pour New York. Son contrat de la M.G.M en poche, la Balin se prépare à contrecœur à vivre un exil que le cinéaste s’applique à lui promettre fécond. La notoriété galopante de Duvivier, depuis les succès de Pépé le Moko et Carnet de bal, lui ont valu une invitation à Hollywood et il se réjouit par avance d’être confronté au professionnalisme des grands studios. Là-bas, il tournera cinq films dont un étrange L’imposteur. Unfilm de propagande gaulliste avec un Gabin éblouissant qui, en usurpateur d’identité en quête obstiné de rédemption, ( un peu à la manière du Don Draper de Mad Men ), livre une prestation déroutante.

Un train de vie fastueux

Mireille, exaspérée par les mœurs des grands studios, rend son contrat un an plus tard au pris d’un lourd dédit. Entre temps, elle n’aura strictement rien tourné ! « Ils me traînaient partout pour me faire faire de essais. Ils ne me trouvaient pas bien telle que j’étais. Ils voulaient que j’aie l’air d’une vamp. Je détestais tous ces gens des studios.» Son retour au Havre est accueilli par des grincements de dents. Fuyant cette presse par trop inquisitrice, elle file se réfugier dans sa somptueuse villa de la côte varoise, s’occuper à ne rien faire. Rien faire sinon rôtir au soleil et tenter une fois encore de redonner souffle et vie à son histoire d’amour qui sent, désormais, davantage le roussi que le Rossi, Tino de son prénom. La Bentley ne reprend la route que pour lui permettre d’honorer à Paris des contrats censés entretenir son train de vie fastueux. Le reste du temps, on peut la croiser sur la croisette où elle promène ses chiens et son indifférence aux soubresauts du monde. Cependant, le 1er septembre 1939, Mireille fait une notable apparition à la soirée d’ouverture du premier festival de Cannes. Au sein de la sélection française, Duvivier y est sélectionné pour présenter La charrette fantôme. S’ensuit une fête sur la terrasse du Palm Beach d’où l’on peut voir un feu d’artifice crépitant embraser le front de mer de tous ses éclats rougeoyants. Une fois de plus Mireille Balin s’applique à s’étourdir d’insouciance et à noyer son ennui dans des bulles de Dom Pérignon. La fête bat son plein quand éclate un orage soudain. Un vent fou se lève et ramène des paquets d’eau de mer sur les invités. Dans la panique, les talons d’argent couverts de boue se brisent, les traînes de soie sont maculées. On renverse les tables, piétine les bouquets épars. Dans un craquement d’allumettes, les cloisons de treillage s’éventrent et s’envolent virevoltants sous la pluie… ce qui était, quelques minutes en arrière, un spectacle somptueux n’est plus que ruines. Le lendemain, l’Allemagne envahit la Pologne, et la guerre éclate dans toute l’Europe. Le festival de Cannes est annulé.

Mon cul est international !

Après un passage par Paris, Mireille Balin tourne à Rome un film réalisé par Augusto Génina, Le siège de l’Alcazar, une œuvre commandée par Mussolini en hommage aux combattants franquistes espagnols. Mireille fait n’importe quoi. Mais Mireille va faire pire encore ! Une fois l'Armistice signé, on la retrouve à Paris occupée à honorer de sa présence le plus possible de soirées mondaines. La voilà qui traine jusqu’à l’Ambassade d’Allemagne sa morgue et ses visons parmi les empapaoutés à strass et colifichets. Elle ne quitte plus ce genre de vibrionnante ruche et, le reste du temps, s’applique à faire l’autruche. Un soir chez Otto Abetz, Mireille fait la connaissance d'un officier viennois un peu plus jeune qu'elle, Birl Desbok. C’est le coup de foudre, fatal, l’amorce d’une collaboration à l’horizontal. Aux yeux du monde elle est désormais la catin-collabo. Au fil des ans et des événements, « pressentant la partie perdue, Mireille se cabre avec plus d’insolence encore qu’auparavant, elle toise la foule et s’enorgueillit d’être jugée traitre à la patrie. »

Arletty qui, ayant comme elle un amant officier allemand, lui avait glissé quelques temps auparavant à l’oreille, « On devrait former un syndicat. », ne perd rien de sa gouaille au moment de son arrestation par les F.F.I. : « Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international ! », leur lance t-elle au visage. Mireille n’aura guère le loisir de faire l’offrande d’un tel mot d’esprit. Le matin du 28 septembre 1944, lorsque les F.F.I la découvrent, elle et son amant à bout de fatigue et de faim, terrés comme des rats au fond de la cave d’une villa de Beausoleil, ils se jettent sur elle, la batte et la viole. Birl Desbok est assassiné. Elle est un temps incarcérée à Nice puis transférée à Fresnes. A sa sortie de prison en janvier 1945, personne n’attend Mireille Balin.

La dernière chevauchée

Emaciée, grelotante, elle vit recluse dans son appartement de l'avenue d'Iéna à la moquette tâchée de pisse et de vin. Aux murs les empreintes de ses tableaux volés. Curieusement ils n’ont pas touché à la bibliothèque. Mireille conserve les volets clos et commence à boire. Désormais, seuls les os dessinent son visage. Elle ne sort plus, ne veut plus se montrer, ne veut plus parler. Quand le téléphone sonne, elle ne répond pas. Alors, petit à petit, le téléphone ne sonne plus. Trois mois durant elle est atteinte du typhus.


Et puis, en 1946, un peu d’espoir se fait jour. Léon Mathot, un réalisateur de seconde zone, l'engage pour son nouveau film : La dernière chevauchée. Si seulement elle tournait là un bon film mais la critique l’éreinte. Mireille Balin est qualifiée de « dessus de cheminée ». De fait, elle n'y est plus que l'ombre d'elle-même. Alors le cinéma va l’oublier. Pas le fisc. Au retour du tournage, le centre des impôts de Cannes la convoque et lui réclame vingt-deux millions d’arriérés. Elle doit vendre sa propriété varoise et son appartement parisien. Désormais locataire d'une minuscule villa cannoise, à deux pas du Palm Beach, elle est successivement victime d'une congestion cérébrale, d'une méningite, de la fièvre de Malte … avant de connaître des troubles de la vision. Ce n’est plus une malade, c’est un Vidal relié cuir !

La roue tourne

En 1957, elle s'installe à Paris, auprès d'une cousine accueillante qui ne tarde pas à mourir dans un accident d’avion. Usée moralement et physiquement, elle est sauvée de la misère grâce à l'intervention de l'association La roue tourne, fondée par Paul Azaïs pour venir en aide aux vieux comédiens nécessiteux. Ce même type d’établissements inspira, en 1939, à Julien Duvivier son chef-d’œuvre La fin du jour. Elle vit ainsi plus d'une dizaine d'années dans une quasi solitude avec vingt francs par jour et son regard absent, comme noyé dans les limbes de l’indicible.

Dans le nuit du 8 novembre 1968, celle qui avait un temps ébloui le tout-Paris par sa beauté et sa folle élégance, sombre dans un coma définitif. Elle meurt à cinq heures trente du matin dans le dénuement complet et l’indifférence générale. La roue tourne, finance son caveau et lui évite la fosse commune. Sa dépouille repose désormais au cimetière de Saint-Ouen.

La veille de sa mort, non sans malice, elle avait confié à Paul Azaîs, seul à son chevet de l’Hôpital Beaujon : « Ce n’est pas le moment de mourir. Les fleurs sont trop chères en cette saison ! »

Pierre Collier

Sources :

Daniel Arsand Mireille Balin ou la beauté foudroyée, La manufacture 1989

Patrick Glâtre,Olivier Millot Jean Gabin: la traversée d'un siècle Créaphis 2004

Michèle Morgan, Avec ces yeux-là, Laffont 1977.

Ginette Vincendeau, Claude Gauteur Jean Gabin, anatomie d’un mythe, Nathan 1994

Pola Neri Mémoire d’une star, Laffont 1963

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