Bad Boy Bubby

Bad Boy Bubby est un film particulièrement étrange, sorte de conte philosophique chez les freaks, décrivant l’itinéraire halluciné et hallucinant d’un homme de 35 ans, auteur d’un double parricide, tout juste sorti de l'appartement où le détenait sa mère psychotique. Tel un Candide moderne ou un Kaspar Hauser australien, Bubby est livré au monde sans aucun repère personnel, aucune morale. Avec pour seul bagage quelques bribes de langage, cet étrange enfant sauvage se heurte à un monde violent, où seuls les plus marginaux s’intéressent à lui. Mélangeant les effets et passant du sordide (séquestration, inceste, meurtre) à la fantaisie loufoque (pizza et rock’n roll), Rolf de Heer signe un film dérangeant, hors de toutes conventions.

Le réalisateur a beaucoup expérimenté dans la mise en scène de Bad Boy Bubby. Fait sans doute unique, plus de trente chefs opérateurs se sont relayés derrière la caméra, donnant à chaque nouveau lieu découvert par Bubby une identité différente. Rolf de Heer a joué aussi avec les formats, passant d’un 1.33 claustrophobique dans l’appartement à un large 2.35 pour le monde extérieur. Et afin de plonger le spectateur dans la peau de Bubby, le son fut enregistré à l'aide de deux microphones binauraux cachés dans la perruque de Nick Hope. « Ce film, semé d’humour noir, est bel et bien une réflexion sur le chaos de l’univers contemporain et la communication par le langage, parlé et cinématographique. Une œuvre moderne. » (Jacques Siclier, Le Monde, 27 février 2005)