Alice n’est plus ici

Alice n’est plus ici se situe à part dans l’œuvre de Martin Scorsese. Le cinéaste considère qu’il s’est assez dévoilé dans Mean Streets, Alice… est le projet qu’il lui faut. L’actrice Ellen Burstyn, auréolée du succès de L’Exorciste (William Friedkin, 1973), découvre le scénario de Robert Getchell, convainc la Warner de le produire, et sur les conseils de Francis Ford Coppola, de choisir Scorsese comme réalisateur. Alice n'est plus ici est à l’opposé de l’univers masculin et urbain du cinéaste et ne reflète pas ses obsessions. C’est la relation mère-fils qui résonne en lui – il confiera plus tard que c’était la raison principale qui lui fit accepter le film.

Portrait réaliste d’une femme et de son émancipation, Alice… est aussi un road trip entre Nouveau-Mexique et Californie, donnant au film son aspect "Nouvel Hollywood”. Pour Scorsese, c’est un « film sur l’auto-responsabilité et sur la manière dont les gens commettent toujours les mêmes erreurs ». Sa cinéphilie éclate dans cet hommage aux œuvres sentimentales des années 1940. Et surtout dans cette scène d’ouverture dans un décor entièrement reconstitué en studio, où l’on voit Le Magicien d’Oz, Duel au soleil, Autant en emporte le vent, les mélodrames de Sirk… Tout le Technicolor des belles années et le cinéma de Scorsese enfant.

C’est aussi un film d’acteurs où une grande part fut laissée à l’improvisation. Kris Kristofferson y est authentique. Et Ellen Burstyn, époustouflante, sera récompensée par un Oscar. Avec ce premier film pour une major, Scorsese entre dans le cercle des réalisateurs hollywoodiens.