Antônio das Mortes

« Comme pour les frères Lumière, le Cinema Novo commence à chaque film de zéro, balbutiant un alphabet brutal qui signifie tragiquement : "civilisation sous-développée" » (Glauber Rocha, Revoluçao do Cinema Novo, Cosac Naify). Réemployant le personnage d’Antônio das Mortes, déjà présent dans Le Dieu noir et le diable blond (Deus e o Diabo na Terra do Sol, 1964), Rocha signe avec ce film d’action un plaidoyer pour la libération d’un peuple opprimé. En s’inspirant d’une fable traditionnelle populaire, Antônio das Mortes permet de traiter métaphoriquement de la situation de l’Amérique latine. Rocha peut ainsi illustrer son souhait d’un changement politique et social, en parallèle d’un questionnement sur la contradiction existant entre morale et justice.

Dans ce premier film en couleurs, Rocha emploie les nuances de façon  symbolique, tant le blanc très pur que le noir profond ou le rouge agressif. « Antônio das Mortes est la première analyse que j’ai faite de mes films antérieurs. C’est un résumé épuré de Barravento, Le Dieu noir et le diable blond et Terre en transe… Avec ce film, je pense achever une certaine phase de mon travail pour prendre un nouveau départ à partir de bases différentes. Mes films précédents furent des œuvres polémiques ; ils avaient qualités et défauts… Antônio das Mortes est une réflexion sur ces qualités et ces défauts. » (Glauber Rocha cité par Nelson Rodrigues, Glauber Rocha, anthologie du cinéma brésilien des années 60 aux années 80, Magic Cinéma)