Cars

« Dans mes veines coulent les deux passions de ma vie : l’encre utilisée pour l’animation Disney dans un bras, l’huile de moteur dans l’autre. » Avec une mère professeur de dessin et un père employé chez Chevrolet, John Lasseter avait effectivement ce film très personnel dans le sang depuis longtemps.

Le pari fou de Cars était de créer un monde uniquement composé de voitures, sans aucune présence humaine, ni animale (ce sont bien des automobiles qui se prélassent dans les champs). Rendre émouvante une voiture, cet amas de métal, pistons et autres boulons, était une sacrée gageure. Alors les yeux, d’habitude installés dans les phares, ont été déplacés sur le pare-brise, en ajoutant une bouche sur le pare-chocs… Et la magie opère : la flotte de Cars est d’une humanité impressionnante, sans pour autant perdre en réalisme (l’équipe Pixar a d’ailleurs bénéficié des conseils de deux anciens de General Motors, l’un, responsable du design et l’autre, illustrateur des plaquettes).

Avec Cars, John Lasseter immortalise le Grand Ouest américain, celui de la mythique route qui traverse le pays de part en part, autrefois grouillante, désertée depuis, à cause du développement des autoroutes sans âme. Éloge des gens simples, d’un temps où l’on était bercé par une certaine douceur de vivre à l’américaine… Éloge aussi de l’âge d’or des acteurs-pilotes – voir l’hommage à Steve McQueen, et c’est Paul Newman qui prête sa voix à Doc Hudson. La nostalgie, une raison en or pour dérouler des kilomètres de bitume poussiéreux et de paysages mythiques le long de l’immortelle Road 66.