Quand le producteur Arthur Rank demande en 1942 à Michael Powell quel sera son prochain film après Un de nos avions n’est pas rentré, c’est avec une certaine malice que celui-ci lui répond que ce sera un film sur le colonel Blimp, personnage créé par David Low, un dessinateur humoristique – et sacrément satirique – néozélandais : « Proposer une satire féroce de la mentalité militaire et déclarer qu’il fallait vraiment nous secouer si nous voulions gagner la guerre, à un moment où nous étions bel et bien en train de la perdre, c’était là une entreprise audacieuse. » (Michael Powell, Une vie dans le cinéma, Actes Sud/Institut Lumière). Si le tournage de cette comédie de guerre n’est pas interdit par les ministères de la Guerre et de l’Information, ils ne les aident pas pour autant : Laurence Olivier, envisagé pour le rôle de Wynne-Candy, n’est pas démobilisé et aucun matériel militaire ne sera prêté. Qu’à cela ne tienne, il sera "emprunté" !
Colonel Blimp, récit se déroulant sur quarante ans de conflits, est le portrait d’un soldat britannique "à l’ancienne", qui n’envisage la guerre qu’entre gentlemen. C’est grâce à son amitié profonde avec un officier allemand fuyant son propre pays qu’il comprendra que, face au nazisme, la guerre ne peut être que totale. Un film sur les destinées de ces deux hommes, leur amitié indestructible, leur place dans l’Histoire en marche et leurs amours compliquées (Deborah Kerr, superbe, campe ici un triple rôle féminin).
Premier film en Technicolor produit par The Archers, duo formé par les inséparables Michael Powell et Emeric Pressburger (inventeurs du légendaire « écrit, produit et réalisé par »), il est à l’image de la perpétuelle recherche formelle et esthétique de ses créateurs (décors, couleur, photo…). Mais la vraie richesse de Colonel Blimp est dans l’écriture de Pressburger – que Powell appellera toujours Imre – : un scénario élégant dont l’humour omniprésent se laisse lentement gagner par les sentiments et l’émotion. « À chaque vision de Colonel Blimp, le film devient plus riche, grandiose, émouvant et profond. On pourrait dire que c’est une épopée de la vie ordinaire. Et ce que l’on retient de cette épopée, c’est un sentiment irrépressible de chaleur, d’amour et d’amitié, d’humour et de tendresse partagés, et une impression durable de la plus éloquente des tristesses. » (Martin Scorsese)
Colonel Blimp (The Life and Death of Colonel Blimp)
Royaume-Uni, 1943, 2h43, couleurs (Techniccolor), format 1.33
Réalisation & scénario : Michael Powell et Emeric Pressburger, d’après le personnage créé par David Low
Photo : Georges Périnal, assisté de Jack Cardiff
Musique : Allan Gray
Montage : John Seabourne
Décors : Alfred Junge
Costumes : Joseph Bato
Production : Michael Powell, Emeric Pressburger, The Archers, Independent Producers
Interprètes : Roger Livesey (le général Clive Wynne-Candy), Anton Walbrook (Theo Kretschmar-Schuldorff), Deborah Kerr (Edith Hunter/Barbara Wynne/Angela "Johnny" Cannon), Roland Culver (le colonel Betteridge), Harry Welchman (le major Davies), Arthur Wontner (le conseiller d'ambassade), Albert Lieven (von Ritter), John Laurie (John Montgomery Murdoch), James McKechnie (le lieutenant Wilson, dit Spud), Ursula Jeans (Frau Kalteneck), Reginald Tate (van Zijl), David Hutcheson (Hoppy), A.E. Matthews (le président du tribunal), Neville Mapp (Stuffy Graves)
Sortie au Royaume-Uni : 26 juillet 1943
Sortie en France : 1er avril 1953
FILM RESTAURÉ
Restauration par l'Academy Film Archive en association avec la BFI National Archive, ITV Studios Global Entertainment Ltd., and The Film Foundation.
Fonds fournis par The Material World Charitable Foundation, la Louis B. Mayer Foundation, la Cinema per Roma Foundation, et The Film Foundation.
*La Film Foundation de Martin Scorsese et distribué par Carlotta Films
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