Une horloge qui « redescend » le temps. C’est sans doute cet objet qui tourne à l’envers qui décide Paul à s’arrêter, à faire le blanc dans sa tête, à regarder les gens vivre, à ne rien faire. Alors que certains prennent la mer afin de vivre « un ailleurs », Paul la quitte, en abandonnant son usine flottante.
« Si j’avais écrit un scénario, j’aurais rajouté du sens. Et, ce que je voulais cette fois, ce n’était pas du sens, c’était de la matière. » Alain Tanner filme l’errance, la fuite au hasard des rues étroites, des voies de tramway. Le cinéaste, qui fut marin dans une première vie, filme la ville, ses bruits, ses couleurs, son murmure, le Tage et ses bateaux qui tournent autour de leur ancre, dans des plans amples et longs. Ces plans raffinés en 35mm se heurtent avec ceux en super-8 de Paul, bruts et muets, donnant à voir la découverte, la rencontre et la fascination opérée par une ville sur un homme. « Cet homme fait son portrait ; à vrai dire son portrait à la fenêtre. Subtilité du dédoublement des surfaces d’images : celles dans lesquelles il est pris et celles qu’il filme ; celles-ci sont flottantes, floues, aérées, ouvertes, évidemment par un grain instable, comme si la petite caméra filmait la fuite du temps, le bonheur puis le malheur de son hémorragie » (Jean Louis Schefer, Trafic, n°53, printemps 2005). Film sensoriel, Dans la ville blanche donne à ressentir, et n’explique rien. Un véritable poème.
Dans la ville blanche
Suisse, Portugal, Royaume-Uni, 1983, 1h48, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation & scénario : Alain Tanner
Photo : Acácio de Almeida
Musique : Jean-Luc Barbier
Montage : Laurent Uhler
Décors : Maria José Branco
Production : Paulo Branco, Alain Tanner, António Vaz da Silva, Channel Four Films, Filmograph S.A., Metro Filmes, Télévision Suisse-Romande, Westdeutscher Rundfunk
Interprètes : Bruno Ganz (Paul), Teresa Madruga (Rosa), Julia Vonderlinn (Élisa), José Carvalho (le patron de l'hôtel), Francisco Baião (le voleur au couteau), José Wallenstein (l'autre voleur), Lidia Franco (la fille du bar), Victor Costa (le garçon du bar), Pedro Efe (l'ami dans la taverne), Cecília Guimarães (la dame du train), Joana Vicente (la jeune fille du train)
Présentation au Festival de Berlin : février 1983
Sortie en France : 20 avril 1983
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