Don Giovanni

Alors que la télévision propose des captations de productions conçues pour la scène et que La Flûte enchantée d’Ingmar Bergman joue sur l’illusion théâtrale, Don Giovanni présente une troisième option : adapter le livret de Da Ponte comme une œuvre dramatique à part entière. Joseph Losey, amateur d’opéra sans en être spécialiste, a pour ambition de « donner à cette musique la plus large audience populaire possible. »

Tourner un opéra comme un film… Pari risqué mais gagné pour Losey, avec une fresque somptueuse de trois heures où l’esthétisme des édifices de Palladio est sublimé par l’image de Gerry Fisher et où les chanteurs possèdent la force dramatique nécessaire pour incarner ce dramma giocoso, ce drame joyeux, qu’est Don Giovanni. « De tous les opéras de Mozart, c’est le plus ambigu, dans la mesure où don Juan peut être interprété d’un point de vue négatif, par son appartenance à une classe sociale qui va bientôt disparaître, mais il incarne aussi des valeurs positives : il rejette la société, il jouit de tous les instants de la vie, il affirme son individualisme. » (Michel Ciment, Kazan/Losey, Stock). Don Giovanni redonne ses lettres de noblesse à un personnage mythique, loin de la définition communément admise d’un « Robert Redford dans le rôle d’un homme qui se tape des filles. » (Daniel Toscan du Plantier, Cinéma-spectacles, 14 novembre 1979)