Drive

Alors que le scénario de Drive est entre les mains de producteurs hollywoodiens, le comédien Ryan Gosling contacte le réalisateur danois Nicolas Winding Refn, réputé pour son style novateur. La rencontre est osmotique.
« Mon personnage est un type hypersensible et hyperviolent, solaire dans sa passion, noir dans l’expression d’une violence absolue », confiait Ryan Gosling à Samuel Blumenfeld (Le Monde, 22 mai 2011). Un personnage ambivalent, taiseux, dans la lignée des Eastwood ou McQueen. Naviguant entre le sauveur de la veuve et de l’orphelin et l’ange exterminateur, il est discret mais charismatique. L’échange entre le réalisateur et son acteur est constant ; Refn autorise même Ryan Gosling à toujours retirer plus de répliques au script, le but ultime du comédien étant de faire un film sans dialogue. Le langage du corps devient alors essentiel. Nicolas Winding Refn joue avec le rythme et le son avec maestria. Douceur, lenteur et mélancolie sont traversées par des éclairs de violence, de vitesse, des scènes crasseuses et ensanglantées, alors même que les moteurs et les poings restent silencieux.

Filmée au grand angle, Los Angeles est captivante. Des ruelles méconnues filmées de nuit jusqu'aux grands paysages désertiques qui l’entourent, la cité devient minérale, presque irréelle. Le cinéaste, en se réappropriant les codes du polar et du thriller, teinte son film d’une esthétique des années 1980, des couleurs fluo à la bande son électronique.
Grâce à sa mise en scène maîtrisée, Drive est un film grisant. Un film de héros où, comme le soulignait le cinéaste avant d’être récompensé à Cannes, « les gens qui se taisent paraissent indestructibles. » (Positif, n°608, octobre 2011).