Enamorada

Cinéaste « lyrico-nationaliste », Emilio Fernández est un des représentants d’une certaine école mexicaine qui, dans les années 1940-1950, met en avant le nationalisme culturel. Ce courant souligne la singularité du Mexique, ses caractéristiques fortes comme les indigènes, les églises, la religion, la révolution, l’homme mexicain brave, généreux, mais aussi parfois cruel, et la femme séductrice, mais aussi dévouée à sa famille et soumise à son époux. Les films d’Emilio Fernández dépassent les frontières du Mexique, bénéficiant d’une excellente réception publique et critique (en 1944, son film María Candelaria, avec Dolores del Rio, sera récompensé de nombreux prix internationaux).

Enamorada est une romance sur fond de révolution mexicaine. Une romance qui, filmée par le cinéma hollywoodien, aurait pu devenir vaudeville. Emilio Fernández choisit pour sa part l’élégance et la poésie pour traiter cet amour violent et sensuel. Enamorada envoûte, tant par sa beauté plastique que par son rythme et sa sérénade à trois – « un des plus beaux chants d’amour de l’humanité » selon Lo Duca.

Enfin, et c’est peut-être là l’essentiel, María Félix, grande actrice et future mythe du cinéma mexicain, y est éblouissante, fière, indomptable, devenue soldadera par amour. La Doña, qui tournera par la suite avec Luis Buñuel ou Jean Renoir est ici particulièrement « fascinante et violente » (Georges Sadoul, Les Lettres françaises, 11 juillet 1947)