Hôtel des Amériques

André Téchiné devait d’abord tourner le film en Tunisie. Il situe finalement son histoire d’amour à Biarritz, filmée comme une ville morte, pluvieuse, où viennent s’échouer les destins brisés. C’est le décor d’êtres perdus, à l’instar de cette femme malheureuse en amour et de ce jeune marginal, qui vivote de petits métiers.

Hôtel des Amériques marque une rupture dans la filmographie de Téchiné : il délaisse les histoires exceptionnelles pour la vraie vie. Déconcertés par ce changement, le public et la critique boudent le film. Seuls le jeu des acteurs et la mise en scène de la passion trouvent grâce aux yeux de la critique, pour qui l’amour tend vers une vision presque divine : « Pensant éveiller à la vie un animal à sang froid (Deneuve), la curiosité amoureuse (Dewaere) se laisse piquer et endormir à son tour, tandis que l’endormeuse porteuse à la fois des flèches d’Amour, d’Apollon médecin et de l’inexorable Diane, démontre sa vanité en s’enfuyant, incapable de supporter la brûlure de la connaissance » (Alain Masson, Positif, n°250, janvier 1982). L’histoire d’amour entre Deneuve et Dewaere n’est pas la seule relation de l’histoire, puisqu’une autre, plus ambiguë, entre Dewaere et Chicot traverse aussi le film. Une relation que le public de l’époque aura choisi d’ignorer. Hôtel des Amériques