Je, tu, il, elle

Cinémathèque royale de belgique

Après avoir vécu plusieurs années aux États-Unis, Chantal Akerman rentre en Belgique pour y tourner Je, tu, il, elle, « un film sauvage, tourné en huit jours, en dehors de tous les circuits, sans subsides, un film tourné ailleurs, autrement, qui n’est pas passé à travers la machine normalisatrice de l’industrie cinématographique, un film avec un air d’inachevé […]. » (propos de Chantal AKerman repris par Marie-Thérèse de Pelacot, Jeune Cinéma, n°99, décembre 1976-janvier 1977).

Ce film tourné en noir et blanc et en longs plans fixes, est comme un journal intime qui dirait la solitude de Julie. Une solitude qui se décline du « je » avec le « il » jusqu’à « elle », car le récit se structure autour de ces trois pronoms. Une première partie autour du « je », un long monologue en voix-off, qui permet d’entr’apercevoir un personnage brisé, en quête de son identité perdue. Une deuxième partie autour du "il", le camionneur. Le rythme change, une autre solitude s’est invitée dans la danse. L’aventure a cessé d’être intérieure pour devenir routière. Le monde s’offre à Julie, un monde qu’elle ne sait pas encore réapprivoiser. Puis c’est la dernière partie, celle du "elle", celle de l’amour. Un amour violent, avec un corps à corps passionné entre les deux femmes. Une vision d’amour perçu par le "tu" du spectateur, qui se cache dans l’obscurité de la salle pour mieux profiter de ce film désarmant de simplicité.