« Quand on s’promène au bord de l’eau / Comme tout est beau, quel renouveau… » Symbole du film La Belle Équipe, ces quelques paroles de chanson sont le plus grand succès de Jean Gabin. Un hymne à la mélancolie, aux joies simples, à la camaraderie, à la tendresse… Une atmosphère traduite dans le film par de superbes longs plans où la caméra glisse d’un groupe à l’autre, le temps de fêtes et d’un bonheur commun.
La Belle Équipe est devenu, malgré lui, un film emblématique d’une année riche en événements : l’avènement du Front populaire, la création des congés payés, le début de la guerre civile espagnole… C’est toute la mythologie de 1936 (chômage, solidarité ouvrière, désir d’ascension sociale, situation incertaine des immigrés, promenades en bord de Marne) qui le traverse de part en part. Mais Duvivier se défendra toujours d’avoir voulu réaliser un film politique et engagé.
Car c’est bien l’histoire d’un groupe de copains, dont le rêve vire au cauchemar sous l’effet de difficultés, d’accidents et de querelles amoureuses. Un drame dont la fin pessimiste (Charles et Jean s’entretuent pour la vénéneuse Gina) fut jugée trop noire par le producteur, qui obligea Duvivier à en tourner une autre version, plus optimiste mais bien moins réaliste.
« La Belle Équipe […], sous prétexte d’épouser les espoirs et les enthousiasmes du Front populaire, en dégage d’autant mieux les germes de mort. Là où une communauté veut se reconstruire, le réalisateur ne cesse de désamorcer cet idéal par de discrètes lézardes, puis par des coups de théâtre de plus en plus violents. […] Duvivier a beau accompagner tous les mirages de son temps, ce n’est jamais que pour les conjuguer irrémédiablement au passé. » (Noel Herpe, Positif, n°429, novembre 1996)
La Belle Équipe
France, 1936, 1h44, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier, Charles Spaak
Photo : Jules Krüger, Marc Fossard
Musique : Maurice Yvain
Montage : Marthe Poncin
Décors : Jacques Krauss
Production : Arys Nissotti, Ciné-Arys Productions
Interprètes : Jean Gabin (Jean), Charles Vanel (Charles), Raymond Aimos (Raymond), Charles Dorat (Jacques), Viviane Romance (Gina), Raphaël Medina (Mario), Micheline Cheirel (Huguette), Fernand Charpin (le gendarme), Raymond Cordy (l’ivrogne), Charles Granval (l’hôtelier), Marcelle Géniat (la grand-mère), Robert Lynen (René), Jacques Baumer (Jubette), Marcel Maupi (le poivrot du restaurant)
Sortie en France : 17 septembre 1936
FILM RESTAURÉ
Présenté avec la fin (pessimiste) souhaitée par Julien Duvivier.
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