La terre

« Lorsque j’ai commencé le film, j’ai décidé de n’utiliser aucun effet, aucun trucage, aucune acrobatie technique, mais des moyens tout simples. J’ai pris pour sujet la terre, sur cette terre une isba, des hommes, des gens ordinaires, et même les événements qui s’y déroulent sont assez banals. Mon film, d’une conception biologique panthéiste, est plein d’optimisme. » (Alexandre Dovjenko, cité par Jean Richard, Cinéa, n°21, janvier 1932). Dovjenko, cinéaste lyrique, aura toujours été fidèle à sa terre natale, l’Ukraine. Il signe avec La Terre une œuvre sobre et pourtant majestueuse.
S’il traite de la collectivisation des terres, de la mécanisation des travaux agricoles et de la lutte des koulaks contre cette révolution, La Terre n’est pas de facto un film de propagande.

Il est un long chant d’amour à la terre. Les images sont fortes : le vent dans les blés, dans les cheveux, les pommes à maturité, la passion des amants… Pour Dovjenko, le progrès est source de joie et l’harmonie de l’homme et de la nature passe obligatoirement par là. Au-delà de la terre, c’est l’alliance de l’homme et des forces élémentaires qui est ici célébrée. Et même quand la mort est injuste, la nature la salue.
Film simple et direct, d’une « extraordinaire pureté d’inspiration » pour Barthélemy Amengual, La Terre est considéré comme l’un des plus beaux films au monde. C'est assurément un trésor du 7e art et le sommet des derniers feux du cinéma muet soviétique.   « Un film qui est au-delà de l’œuvre d’art, parce qu’il est la réalité » (Marcel Oms, Premier plan, n°48, avril 1968)