Le crime était presque parfait 3D

En 1953, les studios Warner sont fascinés par le cinéma en relief et leur film L’Homme au masque de cire (House of Wax) d’André De Toth est un énorme succès. Mais l’arrivée en masse des télévisions dans les foyers interpelle. Jack Warner décide alors de conjuguer le talent d’Alfred Hitchcock et cette invention de pointe pour s’assurer un nouveau succès.
Hitchcock choisit d’adapter la pièce britannique Dial M for Murder, qui triomphe alors sur les planches du monde entier. Il ne la modifie que très peu, soulignant même le huis clos de ce film de chambre. La mise en scène d’Hitch est spécialement conçue pour le relief : il s’installe dans une fosse et filme de nombreux plans en contre-plongée. Il ne recherche pas à tout prix les scènes spectaculaires, mais leur donne une profondeur de champ plus forte, et surtout, fait le point sur certains objets du quotidien qui, en relief stéréoscopique, prennent une dimension impressionnante. Clé, téléphone, et bien sûr la paire de ciseaux…

Mais dès le tournage, la mode de la 3D est déjà en déclin. Le crime était presque parfait sort dans la majeure partie des salles en version "plate". Le film bénéficie d’un remarquable suspense, l’histoire à laquelle on s’attendait se modifiant brusquement en cours de route. Tous les thèmes du maître sont là : l’échange de culpabilité, le sang-froid, le cynisme (Ray Milland en est un monument)… Ce film marque aussi l’avènement de la blonde hitchcockienne, sous les traits de Grace Kelly, le feu sous la glace.
Avec sa projection en relief, Le crime était presque parfait retrouve sa beauté originelle et la forme voulue par Hitchcock.