Le Garçon sauvage

Trop méconnu, Le Garçon sauvage est un des plus beaux films de Jean Delannoy. Le cinéaste plonge dans le réalisme psychologique, à travers l’histoire de ce jeune garçon, férocement jaloux de l’amant de sa mère prostituée. Tant qu’il s’agissait de clients, il parvenait à s’en accommoder, mais quand sa mère le délaisse pour s’amouracher d’un truand, Simon veut en finir, avec sa vie et celle de l’amant.

Le film eut un vif succès, le cinéaste contournant les pièges de la moralisation à outrance. Jean Delannoy filme de manière très classique, offrant toute leur place au scénario et aux personnages. Avec tact et pudeur, il dresse le portrait de ce couple mère-fils, et plus particulièrement de Simon, perdu entre amour fou et rapport filial, plus vraiment un enfant, pas encore un adulte. Un rôle tenu brillamment par le jeune Pierre-Michel Beck, qui sera bientôt le héros du Blé en herbe de Claude Autant-Lara (1954). Ce personnage doit beaucoup au travail d’Henri Jeanson, scénariste et dialoguiste, qui, comme l’a souligné Jean Delannoy plus tard, « a gardé une fraîcheur d’âme qui le met de plain-pied avec les gosses. Il sait les faire parler. Ses souvenirs de gavroche sont toujours aussi vivaces, une particularité qui nous est commune et qui entre pour beaucoup dans notre amitié. » (Aux yeux du souvenir, Les Belles Lettres)