Le Monde de Nemo

La conquête de l’autonomie à l’ombre d’un père surprotecteur. Si Le Monde de Nemo est un film d’animation, et donc – hélas trop souvent – considéré comme destiné aux enfants, il fait la part belle aux angoisses des adultes. Marin est un père hyper angoissé, dépressif, agoraphobe, incapable de couper de cordon, suite à un drame sous-marin. Odyssée océanique, Le Monde de Nemo conte les péripéties parallèles du père et du fils, l’un remuant ciel, terre et fonds marins pour retrouver l’autre, prisonnier dans le très chic aquarium d’un dentiste de Sydney – le fameux « P.  Sherman, 42 Wallaby Way, Sydney » – .

Véritable prouesse technique, le film plonge au cœur d’un monde aquatique ultra réaliste, au décor somptueux et aux images d’une fluidité exceptionnelle : algues, lumière, courant… Tout est toujours en mouvement. Le Monde de Nemo navigue entre émotion pure (chaque personnage vit avec un handicap, une fracture, une douleur profonde) et rires en cascades. L’inventivité des dialogues et des personnages doit être soulignée : l’amnésie de Dory est une source inépuisable de gags, mais les Mangeurs de poissons anonymes ne sont pas en reste ! « Le charme, réel, du Monde de Nemo repose sur la tension entre un matériau dramatique d’ordinaire réservé aux adultes et une convention graphique qui relève de la décoration de nursery. »  (Thomas Sotinel, Le Monde, 12 novembre 2003). Un film à différents niveaux de lecture donc, auquel Pixar, fidèle à sa cinéphilie, ajoute de nombreux clins d’œil pour un public adulte. Rendez-vous avec Les Dents de la mer, Abyss, Kubrick, Hitchcock…