Les Chinois à Paris

Jean Yanne s’attaque avec humour à un thème sensible, l’Occupation, en remplaçant l’occupant allemand par l’occupant chinois. À la découverte du film, le sang du gouvernement chinois ne fait qu’un tour : Pékin et Son Excellence Seng Tao, ambassadeur de Chine en France, demandent aussitôt qu’il soit retiré des salles de cinéma.
La demande des Chinois n’aboutit pas et les Français pourront finalement découvrir Les Chinois à Paris sur les écrans, un film qui les vise directement car Jean Yanne y dénonce leur attitude face à l’occupant. Lâches devant le plus fort, hypocrites, collaborateurs… Avec un tel portrait, il est compréhensible que Les Chinois à Paris provoque des commentaires acerbes, autant sur le traitement du sujet que sur le film en lui-même. « C’est du poujadisme et de l’espèce la plus dégueulasse » pour Le Nouvel Observateur, « une provocation ignoble » pour Le Monde. Pourtant, Jean Yanne ne se moque pas gratuitement des Français et de leur histoire. Le rire n’est jamais innocent : il démystifie pour mieux fustiger les travers de la société française.

« Je vois bien des confrères traîner dans la boue le film de Jean Yanne. Des confrères qui ont réclamé cent fois que le cinéma français fuie les futilités où il se complaît pour se préoccuper des réalités politiques, sociales et humaines de notre temps. Des confrères qui citaient en exemple le cinéma américain « qui n’hésite pas à montrer le vrai visage cruel, cynique, hypocrite, et jouisseur de la nation américaine. » Et alors ? Qu’est-ce qu’il fait, Jean Yanne ? Il les pose, lui, les problèmes. Et pas à moitié ! » (Pierre Billard, LeJournal du dimanche)