Les Négriers

En 1962, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi signent Mondo cane, pseudo-documentaire sur les pratiques culturelles à travers le monde. Ils lancent ainsi, à grands coups de polémiques et de scandales, un nouveau sous-genre du cinéma d’exploitation : le "mondo", caractérisé par son approche faussement documentaire particulièrement crue et son aspect racoleur et voyeur (sexe, violence…).
Les Négriers arrive après Adieu Afrique (1966) qui avait créé de fortes polémiques idéologiques. Ce nouvel opus ne fera pas exception. Le film est vilipendé, affublé de qualificatifs comme infect, pervers, voyeur et raciste. Le malaise, l’outrance et sordide sont effectivement de tous les plans – même si la photo est très réussie et que le film prend des airs de superproduction. Rien n’est épargné au spectateur, les procédés sont grossiers, les images matraquées, les stéréotypes raciaux ahurissants et les Blancs esclavagistes y défendent tranquillement leurs thèses racistes.

Le discours est trop ambigu pour ne pas provoquer les malentendus. Jacopetti et Prosperi voulaient dénoncer l’esclavage, la violence faite à l’homme par l’homme, la déshumanisation. À l’époque, ils sont jugés peu légitimes pour aborder le sujet.
Les Négriers est un véritable ovni issu d’un sous-genre des films d’exploitation. Un film weirdos qui ne serait sans doute pas réapparu sans la passion cinéphile de Nicolas Winding Refn pour ce genre, passion qui l’amènera à en reprendre la chanson Oh my love dans son film Drive...