Les Sans-espoir

Les Sans-espoir a été tourné dix ans après la répression qui a suivi l’insurrection de Budapest en 1956. Les derniers prisonniers politiques sont à peine relâchés et la mémoire des disparus est encore vive. Si la dictature est "assouplie", le pouvoir oppressif n’en demeure pas moins constamment présent. La parole, pas encore libérée, tend à dénoncer ce qui s’est passé par l’emploi de paraboles et de symboles – tel le rapprochement effectué ici entre les événements de 1860 et ceux de 1956.

Ce drame de guerre raconte la manipulation psychologique exercée sur les prisonniers qui, de chantages en fausses promesses, sont montés les uns contre les autres. Résignés, ils sont poussés à tuer et à renoncer à leurs principes dans l’espoir d’une libération. De faux espoirs qui les transforment bientôt en sans-espoir.
Assujettis à un pouvoir despotique, oppresseurs et opprimés souffrent de cette situation tragique, qui mène les uns à une perte d’identité et les autres à une violente soumission. Les comportements, régis par les circonstances, n’en sont pas moins pathétiques et angoissants.
Les Sans-espoir est un film prépondérant dans l’œuvre de Miklós Jancsó, sur le double plan idéologique et artistique. Sa mise en scène sèche et sans musique, sans effets superflus, laisse toute sa place au propos politique. Le film fut un grand succès public, dépassant le million d’entrées à sa sortie en Hongrie.