Maison de rendez-vous

Souvent inspirés de romans-feuilletons, les carabeteras – ou mélodrames de lupanars et de cabarets – forment un genre à part entière dans le cinéma mexicain. Un genre dont Alberto Gout dynamite les règles dans Maison de rendez-vous. Le cinéaste y décrit une société mexicaine corrompue et hypocrite. Fait rare, le culte de la mère, autorité suprême intouchable, est bafoué. D’un côté celle d’Elena, partie avec un autre homme, de l’autre, Rosaura, maquerelle et respectable mère de famille. Le mythe de la sainte mère est remplacé par celui de la maman et de la putain.
Dans cette ville de chaos et de vices, c’est bien la perversion qui aidera Elena à s’en sortir : à terre, elle se relève ; devient dure, agressive ; se venge et savoure son bonheur.

Il fut une époque où les personnages de prostituée étaient synonymes d’avilissement dans le cinéma mexicain. Désormais, la morale évolue et la prostituée devient populaire, permettant enfin d’évoquer la sexualité et le plaisir charnel. Et c’est ainsi que Ninón Sevilla, danseuse de rumba cubaine, vamp des années 1940 et 1950, incarne, dans chaque mouvement de reins, une sexualité agressive. « Elle est l’image triomphante de la maîtresse qui ne confère pas la respectabilité mais donne le prestige : "Je ne la présenterais pas à ma mère, mais il faut que tous mes amis soient au courant." » (Carlos Monsiváis, Le Cinéma mexicain, Centre Georges Pompidou)