Nous ne vieillirons pas ensemble

Récit des derniers mois d’une relation, Nous ne vieillirons pas ensemble est un film ouvertement autobiographique. Si le dossier de presse annonce que le film est adapté du roman de Pialat, publié quelques semaines avant la sortie du film, c’est bien sa vie qu’il a transcrite sur grand écran. Les prénoms changent, mais l’histoire est la même, le cinéaste poussant le désir de réalisme jusqu’à filmer les lieux de son histoire personnelle.
Jean n’arrive pas à divorcer, sa maîtresse Catherine a de plus en plus de mal à supporter la situation. Alors qu’elle se détache lentement de l’homme qu’elle aime, lui, de son côté, s’enflamme. Pialat filme la vérité, sa caméra voit tout, les moments de passion comme les ratés, les silences, les conversations anodines, le quotidien d’une rupture. Il décrit les vertiges de l’amour, puis l’épuisement, l’agonie lente d’un couple, les lâchetés, les mensonges, la jalousie, avec une lucidité rarement atteinte dans l’analyse amoureuse.

Pour incarner son alter ego, Pialat choisit Jean Yanne qu’il connaît depuis le tournage de Que la bête meure de Claude Chabrol. Leur relation est houleuse : Jean Yanne n’apprend pas son texte, ne comprend pas tous les sentiments de son personnage, en refuse la faiblesse… Pialat et lui en arriveront à ne se parler que par l’intermédiaire d’autres acteurs. Mais il n’en reste pas moins que Jean Yanne apporte à son personnage une gouaille personnelle et donne toute son ampleur à Jean, égoïste, possessif, mufle et cruel. Une interprétation qui sera récompensée au Festival de Cannes.