Deutsche Kinemathek, British Film Institute
Ce drame allie avec justesse une vision froide de l’horreur de la guerre à de grandes qualités artistiques. Sans véritable intrigue à proprement parler, il s’agit là plutôt d'un ensemble de tableaux. Chaque scène, achevée par un fondu au noir, est presque indépendante des autres, et les liens entre les personnages ne se tissent que petit à petit.
L’influence des théories de la Nouvelle Objectivité se fait ressentir à travers la résignation cynique face à un monde tragique. Pabst tente de présenter « sur une base matérielle, les choses de manière entièrement objective sans les investir immédiatement d’implications idéalistes » (Lettre de Hartlaub, citée par Sigfried Kracauer, De Caligari à Hitler, L’Âge d’Homme). Quatre de l’infanterie n’analyse pas les causes du conflit. Dans un constat d’échec, la lutte est uniquement perçue comme le résultat d’un nationalisme exacerbé. Mais grâce à l’utilisation importante de travellings et au refus de tout héroïsme, « la guerre semble davantage vécue que mise en scène. » (Sigfried Kracauer)
G.W. Pabst a réalisé Quatre de l'infanterie en 1931, à partir du livre éponyme d'Ernst Johannsen. La sortie du film a eu lieu à Berlin sept mois avant celle d'A l'ouest, rien de nouveau de Lewis Milestones, sur un sujet identique mais avec une approche plus noire. Le film n'a donc pas été un franc succès à sa sortie. Le réalisme sombre du film semble avoir choqué le public de l'époque, bien que des critiques comme Siegfried Kracauer et Alfred Kerr l'accueillirent avec enthousiasme. Ce dernier fut si impressionné qu'il écrivit dans le Berliner Tageblatt : « Une loi devrait obliger à ce que ce film soit vu chaque 1er janvier de l'année dans tous les villages, dans toutes les écoles ».
Lorsque le gouvernement national-socialiste prend le pouvoir en 1933, le film est immédiatement interdit.
En 1998, la Deutsche Kinemathek entreprend une première restauration de Quatre de l'infanterie, qui circulait depuis dans des versions incomplètes, à partir de matériel venant du Staatliches Filmarchiv der DDR and Praesens Film. Le film était de nouveau visible dans sa version intégrale, mais la qualité de l'image et du son laissaient encore à désirer. La restauration numérique de 2014 permit d'aller plus loin. Le négatif original du film étant perdu, la restauration s'est appuyée sur un négatif dupliqué pour l'Angleterre en 1931. Les scènes manquantes, elles, ont été récupérées sur un négatif dupliqué en 1964 et qui provenait d'une copie nitrate incomplète désormais indisponible. Les dommages considérables ont été corrigés le mieux possible, bien que la surface demeure « rugueuse », ce qui est peut-être finalement en accord avec son horrible et impitoyable sujet, ainsi qu'avec l'approche de son réalisateur."
Martin Koerber, Deutsche Kinemathek
Quatre de l’infanterie (Westfront 1918: Vier von der Infanterie )
Allemagne, 1930, 1h35, noir et blanc, format 1.20
Réalisation : Georg Wilhelm Pabst
Scénario : Ladislaus Vajda, d’après le roman Vier von der Infanterie d’Ernst Johannsen
Photo : Charles Métain, Fritz Arno Wagner
Montage : Jean Oser
Décors : Ernö Metzner
Production : Bavaria Film, Nero-Film AG
Interprètes : Gustav Diessl (Karl), Hans-Joachim Moebis (l’étudiant), Fritz Kampers (le Bavarois), Claus Clausen (le lieutenant), Jackie Monnier (Yvette), Hanna Hoessrich (la femme de Karl), Else Heller (la mère de Karl)
Sortie en Allemagne : 23 mai 1930
Sortie en France : 13 décembre 1930
FILM RESTAURÉ par la Deutsche Kinemathek à partir d'un négatif de 1931 et d'un négatif de 1964, en coopération avec le British Film Institute.
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