Section spéciale

Après plusieurs films politiques (Z, L’Aveu), Costa-Gavras se lance, accompagné de Jorge Semprún, dans Section spéciale, reconstitution historique et minutieuse de sept jours de l’Histoire française. Entre le 21 et le 28 août 1941, l’illégalité va être légalisée. Après le meurtre de l’aspirant Moser, l’Allemagne exige des sanctions exemplaires et l’exécution de six personnes. Le ministre de l’Intérieur obtient les pleins pouvoirs grâce à une loi rétroactive, devant un garde des Sceaux qui s’incline. Une cour spéciale est mise en place, sans aucune possibilité d'appel, et des hommes déjà condamnés pour des délits mineurs sont rejugés pour les mêmes faits. Ils seront condamnés à mort et exécutés le 28 août.

Le film est la chronique d’une loi d’exception. Costa-Gavras poursuit sa réflexion sur les rapports de l’homme et du pouvoir. Pas de personnage principal (on ne voit de Pétain que sa manche étoilée), à part l’État totalitaire. Le cinéaste met directement en accusation la justice française, asservie au pouvoir et à l’occupant, dans un portrait féroce, sans la moindre ambiguïté. Coscénariste du film, Jorge Semprún soulignait dans le dossier de presse : « Section spéciale me semble être une analyse de l’État, de sa raison irrationnelle, de son grand apparat, de son appareil répressif. » Une analyse qui aboutit à la conclusion suivante de la part de l’avocat Thierry Lévy : « C’est une sottise d’attendre des individus qu’ils soient héroïques parce qu’ils sont solennels. »