Spartacus

Situé à part dans la filmographie du maître, Spartacus est effectivement le seul film sur lequel Kubrick n’a pas eu un absolu contrôle. C’est Kirk Douglas qui est venu chercher le réalisateur, qu’il a connu sur Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory, 1957), pour remplacer Anthony Mann qui avait commencé le film. Producteur exécutif et acteur principal, Kirk Douglas est très investi dans le projet. Kubrick dira même que Trumbo et Douglas sont les véritables auteurs de Spartacus. Le film pourrait ainsi apparaître comme un des moins personnels de Kubrick. Pourtant, comme le souligne Bertrand Tavernier, « on retrouve […] certains thèmes de Kubrick, dénonciation de la violence, du fascisme, de la dictature militaire, des combines politiques qui amènent ici le massacre des esclaves. » (Positif, n°41, septembre 1961).

Sacrée gageure que de mélanger superproduction hollywoodienne et propos politique... Le film sera étiqueté par certains comme communiste : l’auteur du roman original, Howard Fast, était marxiste et celui du scénario, Dalton Trumbo, est sans doute l’un des plus célèbres des Dix d’Hollywood blacklistés par la Commission des activités antiaméricaines. Alors que Kubrick semble douter de son sujet – par la suite, il évoquera difficilement ce film –, il signe cependant avec Spartacus une réflexion sur l’ordre établi, la lutte des classes et la soif de liberté, mais également un péplum dans les règles de l’art, sans doute un des plus beaux du genre.