Taxi Driver

Coup de tonnerre dans le paysage cinématographique. Avec Taxi Driver, Palme d’or à Cannes, Martin Scorsese réinvente le vocabulaire de la violence, et dresse le portrait d’un psychotique et d’une ville en pleine descente aux enfers, qui marquera définitivement critique et public.

Depuis son retour de la guerre, les seuls contacts de Travis Bickle avec le monde sont ses clients, et toute la faune du New York nocturne. Pétri de rage et de colère rentrée, il décide de nettoyer la ville, tel un « ange purificateur », selon les mots du cinéaste. Sa pensée malsaine, qui n’en est pas moins humaine, met le spectateur dans une situation inconfortable. Inconfort accentué par son statut de héros et les remerciements des parents d’Iris après le massacre.

Taxi Driver baigne dans une ambiance étouffante et toxique. Scorsese a choisi un montage heurté dont les jumpcuts font éprouver les sensations angoissantes de Bickle. Le rôle était taillé sur mesures pour Robert De Niro, convaincant à l’extrême, apportant son talent d’improvisation dans des scènes devenues cultes.

« Tout le film est parcouru par un vertige. Le New York de Scorsese est bien la grande ville des films noirs qui ont nourri son imagination, mais à un stade de décomposition plus avancée. Ce New York est un ennemi voluptueux. […] Et cet enfer est toujours en mouvement. » (Pauline Kael, The New Yorker, 9 février 1976)