Toi et moi

Le désarroi d’une génération, la sienne, voici ce que Larissa Chepitko dépeint dans son seul film en couleurs. Un homme, Piotr, se débat dans une crise personnelle après une période vécue à l’étranger. Il cherche un sens à son existence, tente de retrouver son identité. Désabusé et désinvolte, il quitte tout pour la Sibérie, là où l’on a besoin de lui. Face à lui, Sacha, son ancien ami, continue sur le chemin qu’il s’est tracé. Toi et moi confronte deux destins et deux mondes, la campagne et la ville, la Sibérie et un pays urbanisé.

Avec ce film au cœur des interrogations d’une génération d’intellectuels soviétiques, Larissa Chepitko continue son travail d’analyse psychologique, l’étude puissante et profonde du caractère de ses personnages. Le thème de la nouvelle vie est présent dans toute son œuvre.

La réalisation est nerveuse, et certaines trouvailles résonnent d’une poésie proche de Tarkovski. Même si l’époque était peu favorable à la recherche stylistique,  « le film de Chepitko [est] significatif par son ambition quasi antonionienne de passer d’un réalisme strictement définitif à une perspective qui laisse davantage de marge à l’interprétation » (Mira et Antonin Liehm, Les Cinémas de l’est, éd. du Cerf)