Un merveilleux dimanche

Pour le scénario d’Un merveilleux dimanche,  Akira Kurosawa s’est associé avec le dramaturge Keinosuke Uekusa, un ami proche qu’il connaît depuis l’enfance. Les deux hommes dépeignent ici le Japon de l’immédiat après-guerre, celui de la défaite, où un jeune couple, encore entre le monde de l’enfance et celui des adultes, erre sans autre but que de rêver à une vie meilleure. Tous les maux sociaux sont décrits au long d’un dimanche : guerre, ville en ruines, misère, marché noir…

Tourné comme un documentaire, parfois même en caméra cachée, avec des acteurs inconnus du grand public, Un merveilleux dimanche est inspiré de Isn’t Life Wonderful de David W. Griffith (1924). Kurosawa signe un film social, où sa confiance en l’homme est palpable : bien que confronté à une réalité violente et blessante, le couple continue de croire au bonheur – la scène du concert est de ce point de vue la plus bouleversante.

« Le film oscille sans cesse entre les deux tons qui caractérisent l’œuvre de Kurosawa : un réalisme pointilleux poussé jusqu’au naturalisme dans la description de la misère, des taudis, du froid et de la faim (réalisme où l’on a voulu voir l’influence du néoréalisme italien ; mais que pouvait en connaître Kurosawa en 1946, début 1947 ?) et un romantisme lyrique qui transcende soudain ce réalisme et emporte le spectateur dans une vague d’émotions. » (Pierre Billard, Cinéma, n°83, février 1964)