Vivre

« Quelquefois, je pense à ma mort. Alors je me tourmente, pensant à la façon dont je pousserai mon dernier soupir après avoir vécu la vie que je mène. Il me reste beaucoup à faire tant que je suis en vie, j’ai l’impression de ne pas avoir assez vécu. Mon cœur souffre à cette idée. Ikiru est fondé sur ce sentiment. » (Akira Kurosawa)

Film personnel, Vivre est un des plus grands succès public et critique de Kurosawa. Avec son ambitieuse construction en deux parties, il trace le portrait d’un homme, gratte-papier pendant trente ans, qui retrouve goût à la vie alors que celle-ci lui échappe. Il est aussi le portrait de ceux qui l’ont vu vivre comme une « momie » et qui s’interrogent sur ce qu’il est devenu lors de ses derniers mois : Watanabe est mu par le sentiment de devoir une dette à la vie, dette qui va prendre la forme d’un square pour enfants. Fidèle à ses convictions, Kurosawa affiche ici sa foi inébranlable en l’individu.

Le critique Georges Sadoul sera durablement marqué par ce film qu’il découvrit dans une version non sous-titrée à la Cinémathèque française, et auquel il déclara son attachement lors de sa sortie sur les écrans français : « Je ne suis pas en tout cas près d’oublier la tragédie de ce vieil homme, son aventure spirituelle, la parfaite interprétation de Takashi Shimura, le dépouillement raffiné du récit, la rigueur absolue de la mise en scène, l’émotion profonde que dégage cette fable, toutes les qualités qui font d’Ikiru un des meilleurs films de l’après-guerre du Japon, et même l’un des meilleurs films de tous les temps. » (Les Lettres françaises, 1er septembre 1966)