WALL-E

Seul au monde depuis des siècles, Wall-E, robot éboueur de son état, a développé une sensibilité certaine : il collectionne des objets qu’il garde précieusement dans sa cabane, il regarde inlassablement la VHS de la comédie musicale Hello Dolly… Plus humain que les humains (réfugiés dans un vaisseau sans destination, obèses et incapables), Wall-E se révèle lorsqu’Eve apparaît. Ce tas de métal rouillé a alors les yeux (ou plutôt, la paire de jumelles) les plus expressifs que l’on connaisse. C’est ainsi qu’avec audace, Andrew Stanton marie la SF et la comédie romantique, donnant à voir dans sa première partie, une histoire poétique, parfois burlesque, qui n’est pas sans faire penser aux grandes heures du cinéma muet.

À la manière d’un film des studios Ghibli, Wall-E est également une véritable fable écologique. La vision de la Terre et de ses gratte-ciel faits d’ordures compactées serait-elle du cinéma d’anticipation ? Dénonçant consumérisme à outrance et grands conglomérats, Pixar croit en l’intelligence de ses spectateurs et à l’influence que peut avoir son film. Wall-E s’invitera ainsi dans la campagne présidentielle aux États-Unis, et certains crieront même à la propagande gauchiste. Comme le souligne Olivier Séguret : « La critique du mode de vie moderne n’a jamais été si violente, radicale et cruelle dans une production réputée familiale. La séduction universelle exercée par le genre du cinéma d’animation qu’incarne Pixar rend plus intrigante encore cette volonté manifeste de hurler et d’en découdre. » (Libération, 30 juillet 2008)