Son dernier film O Ka (« Notre Maison » en Bambara), présenté hors compétition lors du dernier festival de Cannes, commence avec une scène de son long métrage le plus connu, Yeelen, qui avait reçu le prix du jury en 1987, lorsqu’il fut le premier cinéaste africain primé sur la Croisette. Puis, l’histoire de sa propre vie et de sa famille renvoie à celle du Mali, ce pays à la si longue et forte culture aujourd’hui délabrée.
Né en 1940, c’est à cinq ans que cet enfant d’une famille pauvre et croyante de Bamako découvrit le cinéma qu’il dévorait, grimpé dans les arbres qui surplombent la salle du Vox pour regarder par-dessus le mur. Après des études secondaires puis de philosophie à Dakar, il revint à Bamako où la vision d’un documentaire sur Patrice Lumumba, figure de l’indépendance du Congo belge mort assassiné, lui donna sa vocation de cinéaste. Il étudia à Moscou avant de retrouver le Mali et de travailler comme cameraman au ministère de l’Information. En 1975, son premier long métrage, Den Muso (La Jeune fille, 1975) qui racontait le drame d’une jeune fille muette violée puis rejetée par sa famille, lui valut la censure et quelques semaines de prison.
Malgré la gravité des thèmes qu’il a abordé au cours de sa carrière, la condition des filles-mères rejetées avec Den Muso, un soulèvement d’ouvriers maliens avec Baara ( Le Travail, 1978), la révolte des étudiants sous la dictature de Moussa Traoré dans Finyè (Le vent, 1982, sélectionné à Cannes), les conflits ethniques avec Yeleen, (La lumière, 1987), la polygamie avec Min yé (Dis moi qui tu es, 2009) ou l’injustice (son dernier film raconte l’expulsion de ses sœurs de la maison familiale de Bamako sur fond de corruption et d’injustice), Souleymane Cissé a toujours revendiqué un incorrigible optimisme dans sa quête de la « poésie de la nature et de l’homme ».
Militant déterminé mais malheureux du cinéma africain (il avait créé en 1996 l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel en Afrique de l’Ouest (Ucecao), mais aujourd’hui toutes les salles de Bamako, sauf une, sont fermées), il a rendu aussi hommage aux cinéastes qu’il admire parmi lesquels son ami Martin Scorsese, créateur de la World Cinema Foundation qui a dit de Yeleen que « c’était l’une des plus belles expériences cinématographiques » de sa vie.
Souleymane Cissé
Présentera Yeelen - La Lumière le jeudi 15 octobre au CNP Bellecour (2ème salle) à 20h30
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